Présentation de l’auteur (+ lien vidéo) :
Nicolas de Condorcet (1743-1794), fraichement élu député de Paris en 1791 au sein de la toute jeune Assemblée nationale législative, se consacre alors à une réflexion majeure sur le rôle de l’école dans une république, réflexion qui donnera naissance aux cinq Mémoires sur l’instruction publique (dont est tirée notre citation). Digne représentant des lumières souhaitant « rendre la raison populaire », Condorcet est considéré comme le fondateur de l’école publique, laïque, gratuite et mixte, en charge d’une instruction indispensable sans laquelle les conquêtes de la révolution de 1789 seraient bien vite perdues, pour le plus grand malheur d’un peuple de femmes et d’hommes restés dans l’ignorance. Aussi, afin que vive la république, il incombe à l’Etat de faire l’école, afin que les « amis de l’égalité » et « de la liberté » puissent « obtenir de la puissance publique une instruction ». Il faudra néanmoins attendre la IIIe République (soit presque un siècle plus tard) pour que cette « école laïque, gratuite, obligatoire, dont rêvait Condorcet* » voit le jour, grâce aux efforts de Ferdinand Buisson et de Jules Ferry.
(*) article « Ferdinand Buisson » du Dictionnaire amoureux de la Laïcité d’Henri Pena-Ruiz (Plon), consultable au CDI.
Extrait dont est tirée la citation (+ lien vidéo) :
« Généreux amis de l'égalité, de la liberté, réunissez-vous pour obtenir de la puissance publique une instruction qui rende la raison populaire, ou craignez de perdre bientôt tout le fruit de vos nobles efforts. N'imaginez pas que les lois les mieux combinées puissent faire un ignorant l'égal de l'homme habile, et rendre libre celui qui est esclave des préjugés. (…)** Vous comptez sur la force de la vérité ; mais elle n'est toute puissante que sur les esprits accoutumés à en reconnaître, à en chérir les nobles accents. (…)** Les institutions les plus justes, les vertus les plus pures ne sont, pour la corruption, que des instruments plus difficiles à manier, mais plus sûrs et plus puissants. Or, tout son pouvoir n'est-il pas fondé sur l'ignorance ? Que ferait-elle en effet, si la raison du peuple, une fois formée, pouvait le défendre contre les charlatans que l'on paye pour le tromper ; si l'erreur n'attachait plus à la voix du fourbe habile un troupeau docile de stupides prosélytes ; si les préjugés, répandant un voile perfide sur toutes les vérités, n'abandonnaient pas à l'adresse des sophistes l'empire de l'opinion ? »
Condorcet, Mémoires sur l’instruction publique (1791, Mémoire I, conclusion)
(**) Ce découpage du texte est emprunté au Dictionnaire amoureux de la laïcité cité ci-dessus, article « Condorcet ».
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